A un chat

Publié le par Lesage

Non moins furtif que l’aube aventurière,
Non moins silencieux que le miroir,
Tu passes et je pense apercevoir
Sous la lune équivoque une panthère.
Par quelque obscur et souverain décret
Nous te cherchons. Nous voulons, fauve étrange
Plus lointain qu’un couchant ou que le Gange,
Forcer ta solitude et ton secret.
Ton dos veut bien prolonger ma caresse ;
Il est écrit dans ton éternité
Que s’accordent à ta frileuse paresse
Ma main et son amour inquiété.
Ton temps échappe à la mesure humaine.
Clos comme un rêve est ton domaine.

Jorge Luis Borges, L’or des tigres, Ed. Gallimard, 1976.
Traduit de l’espagnol par Jean-Pierre Bernès et Nestor Ibarra.

A un chat

Publié dans Poésie

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